Ode à toi, technicienne en éducation spécialisée

*Le féminin est utilisé afin d’alléger le texte et parce qu’on va se le dire, c’est une profession qui regroupe majoritairement des femmes. Mais je vous aime messieurs T.E.S. et vous n’êtes pas assez nombreux parmi nous.

Ode à toi, technicienne en éducation spécialisée. Je sais que tu te reconnais si je dis toutes autres tâches connexes, prévention de la violence verbale ou physique, arrêts d’agir, fugue et appels aux parents. Ah! Fameuse T.E.S., ton travail peut tellement être varié. Tu peux jouer le rôle de pompier et éteindre des feux d’enfants en manque d’amour, en difficulté de communication, des feux d’enfants autistes et déstabilisés, d’enfants ayant des troubles d’apprentissage et qui sont frustrés, des feux d’intimidation ou des feux explosifs sur la cour d’école quand la colère devient trop grande. Tu peux aussi jouer le rôle d’intervenante en prévention de ces feux-là. Mais il y a tellement de feux que la prévention mettons que ça passe en deuxième… malheureusement!

Sais-tu ce qui me fascine? TU. AS. TOUJOURS. LE. SOURIRE! Qui peut dire qu’il travaille, disons-le, dans des situations de maaarde et gardez toujours le sourire? Qui peut dire Bonjour Nicolas, comment vas-tu aujourd’hui? Je vois que ton volcan est bien contrôlé, je sens que ce sera une merveilleuse journée! à un enfant qui, la veille, l’a mordu, lui a craché dessus et s’est enfui dans les toilettes pour une bonne heure? Qui a la force de côtoyer des enfants en colère, tristes, dépressifs, intimidateurs, des enfants qui ont mal en dedans tous les jours ou qui piquent des colères instantanées? Toi, fabuleuse T.E.S. Tu es capable de passer tous les matins, la récré, le midi et le soir dehors, dans la cour d’école et les environs, pour t’assurer que Gabrielle réussisse à mieux communiquer avec ses amies, sans faire de crises existentielles, pour t’assurer que Sam, 12 ans, arrête de faire son grand garçon costaud devant des p'tits de 1re année parce qu’il utilise ça comme un renforcement à cause de sa pauvre estime de soi. Tu sors dehors tout le temps pour t’assurer que les élèves arrêtent de traîner devant l’église et apprennent à marcher comme du monde, sur le trottoir, sans déranger les voisins, sans marcher sur leur terrain et pour t’assurer que l’entrée et la sortie des autobus ne ressemblent pas au Black Friday dans un Walmart aux États-Unis. Bref, tu t’assures que l’école n’explose pas, que tous les petits bouts d’humains qui la fréquentent s’y sentent bien et que les enseignantes puissent enseigner. C’est pas rien, ça!

En plus, t’es dans plein de comités, de rencontres pas l’fun avec la direction, les professionnels, les parents, l’enfant ou l’enseignante… ou toute la gang en même temps, c’est encore plus intense! T’as pas 4-5 plans d’intervention, t’en as 40, 50, 100… Ça dépend toujours de la grandeur de l’école, mais on s’entend que tu réussis quand même à connaître tes cocos en difficulté comme si tu les avais tricotés. Leurs besoins, leurs malheurs, leurs défis, mais encore plus leurs réussites.

Je suis enseignante au primaire et, on va se le dire, je sais que tu sais qu’on sait qu’il y en a des enseignantes pour qui tu es la personne à qui pitcher un enfant qui écoute pas vraiment, qui répond, qui revient de la récré en pleurant ou qui a pas fait son devoir. Et on sait toutes les deux que ces certaines enseignantes-là t’utilisent comme une bouée de sauvetage quand elles pourraient parfois très bien gérer la situation. Mais tu es là, merveilleuse-aimante-et-sécurisante-T.E.S., tu es la miiiiieux placée pour gérer ça des p’tits conflits gna-gna de retour de récré… Si tu savais, moi, comment je pourrais parfois être insultée si j’étais à ta place… Mais tu le fais. Tu gères le cristi de conflit gna-gna de retour de récré. Et tu le fais avec le même foutu sourire dans ton visage que lorsque je t’ai croisée le matin en arrivant à l’école. Non mais, tu peux pas être plus sécurisante pour l’enfant que ça. Je t’admire tant!

Alors, madame walkie-talkie… Profite de ton été, savoure le silence et le calme dès qu’il passe dans ta vie, fais du yoga, bois du vino, soigne tes courbatures suite aux multiples arrêts d’agir et habille-toi en mou! Bon... Ça, tu le fais tous les jours parce que faire un arrêt d’agir en robe, p’tite bobettes en dentelle et talons hauts, ça doit pas être winner, mais peut-être bien divertissant! Bref, bonnes vacances, tu le mérites à 110% comme le 110% que tu donnes chaque jour avec tes crevettes-remplies-d’émotions-trop-difficiles-à-gérer et dis-toi que tous les enfants que tu as aidés cette année t’en sont reconnaissants au plus haut point. Tu leur as montré à contrôler leurs émotions, à bien vivre en société, à être empathique, à s’exprimer au lieu de frapper… Ce sont de beaux apprentissages et de belles réussites vécus par tes petits bouts d’humains qui deviendront la société du futur.

 

Paix, sangria, soleil et plaisirs,

 

Amélie