Mon école est un village...
Ça fait longtemps que je dis que mon école est un village. Depuis près de 10 ans.
Je dis que mon école est un village… Une vraie de vraie micro-société. Des dizaines et des dizaines de cultures et de langues différentes. Des peaux de toutes les couleurs. De multiples et différentes croyances. En fait, mon école n’est pas un village, c’est le monde entier. C’est dans cette école que nos élèves avec leurs bagages antérieurs viennent prendre une autre valise dans leurs mains, celle du Québec. C’est dans cette école que j’apprends que l’Azerbaïdjan est un pays, que Idouke se trouve en Afrique, que les pupusas est un mets divin du Salvador. Pendant que les élèves m’apprennent des dizaines de choses, moi j’essaie de leur faire comprendre le français. Cette langue si magnifique, mais si complexe pour certains.
Je dis que mon école est un village… «Il faut tout un village pour élever un enfant.» Proverbe africain qui se traduit parfaitement entre les murs de mon école. Je le vis chaque jour. Tous les adultes de l’école travaillent ensemble afin de donner un milieu stimulant, sécuritaire et harmonieux à nos élèves. Les élèves savent que même s’ils font une petite escapade aux toilettes, le concierge, la secrétaire, une enseignante en période libre peuvent les féliciter pour leurs bons comportements ou les réprimander s’ils ont un trop plein de joie et d’énergie dans les corridors supposément silencieux. Ils savent qu’on a une belle complicité, ils savent qu’on se fait des dîners communautaires à chacune de nos fêtes, ils savent quand on part en vacances dans le sud avec quelques collègues pour la relâche, ils sont témoins de nos taquineries quand on va déranger leur prof et qu’on excite leur classe au grand complet avant de partir avec un grand sourire en laissant notre collègue se débrouiller avec ses élèves en délire. Ils savent aussi qu’on se tient quand quelqu’un leur donne une conséquence. Peu importe l’adulte qui intervient, on le soutient et on appuie sa décision.
Je dis que mon école est un village… Pour bien fonctionner, un village doit accueillir des gens qui aiment les autres. Peu importe leur couleur de peau, peu importe leur religion, peu importe leur âge, simplement les accepter et les aider lorsqu’ils ont des défis à surmonter. C’est ce qu’on a réussi à faire dans mon école. Des chicanes, il y en a. Cependant, on compte autant de réconciliations. Des batailles? J’en ai été témoin d’une seule. Une toute petite qui a duré 5 secondes et les deux concernés se sentaient déjà mal après le premier coup donné. Cette ambiance est omniprésente grâce à tous les habitants de notre village. Les enseignantes, TES, orthopédagogues, orthophoniste, secrétaires, concierges, directrice, directrice-adjointe, éducatrices en service de garde, responsable du service de garde, enseignantes-soutien,… et bien sûr les enfants. Ils sont des éponges, ils nous voient se parler, rire ensemble, déconner, ils nous imitent et ça créer une ambiance juste parfaite.
Bref, mon école est un village et je l’aime.