Les maudits forts

Quand on parle de forts à une prof du primaire, elle ressent automatiquement de l’exaspération. De la fatigue. De la colère. Aussi, du « je-suis-tannée-de-gérer-ça-moi-là ».

Je ne sais pas pourquoi, mais les forts de neige qui peuplent beaucoup trop nos cours d’école à mon goût sont la représentation même du vrai fort qui existait il y a plusieurs centaines d’années. Ils étaient rempli d’hommes courageux prêts à se battre contre les ennemis qui viennent de loin. Aujourd’hui, les forts du « peuple de 3e et 4e année » étaient en pleine construction, ils s’érigeaient rapidement grâce à dame nature et sa pluie verglaçante de la veille.

La cour de récréation était immaculée il y a quelques instants, mais nos courageux soldats sont entrés en courant, ont piétiné la grosse couche de glace et ont trouvé leur « spot ». LEUR emplacement parfait pour eux « TOUT-SEUL »! Petit hic… les 450 autres élèves deviennent AUTOMATIQUEMENT leurs ennemis. Un ennemi peut faire plein de choses pour déranger, faire paniquer, faire ca-po-ter les soldats du fort, mais LA PIRE CHOSE qu’un ennemi peut faire est de VOLER de la glace! C’est la fin du monde, littéralement! « Il a pris un morceau de notre foooooort! » « Il nous a volé! » « Elle a tout détruit… »

Mais aujourd’hui, il y avait tellement de plaques de glace dans la cour qu’aucun voleur de s’est présenté à un fort ennemi! Ils étaient beaux à voir… et moi, j’étais bien heureuse d’avoir une pause, le temps d’une récré, des maudits forts.

 

*le féminin est utilisé dans ce texte pour l’alléger